samedi 23 octobre 2010

De choses et d'autres


Joli samedi. J'ai mal au crâne parce que je ne dors pas suffisamment.
Urgence de vivre? Ça m'étonnerait. mais avec moi, on ne sait jamais.
Je termine ces jours-ci un long, très long travail.
Il y a ce vertige d'aboutir et cette fatigue de ne plus saisir la pertinence quand ça fait trop longtemps qu'on ronge le même os.
Il y a la vie qui suit son cours et le cours des jours qui se suivent mais ne se ressemblent pas.
J'aimerais bien raconter ce parcours.

Ça commence avec l'excitation, les idées qui fusent, le défi exaltant à relever.
Ensuite viennent les semaines de défrichage. On cherche, on pioche, on creuse.
Toute nourriture est bonne.
Justement à force de si tant et bien chercher on trouve des choses.
Ce que l'on déniche est parfaitement adéquat.
Tellement bien foutu qu'on se demande ce qu'on pourrait bien y ajouter, si tant est qu'on aille encore envie de le faire.
Alors on se questionne, on se remise en questionne (comme aurait dit Marc Favreau).
On se met malgré tout au travail.
Malgré la faim, la peur, le froid et l'abandon.
On travaille d'arrache-pied pour pelleter des nuages. Sans relâche. Au point de disparaître de la vie courante. L'ombre de son ombre, toujours devant la lumière blafarde de l'ordinateur et la machine toussote à force de se faire pousser dans le dos.
On installe un coussin pour le chat, juste à côté du clavier parce qu'après des semaines de ce régime, il a enfin compris que c'est là que ça se passe.
Milliers d'heures de cliquetis mixées avec des milliers de soupirs du félin qui se prélasse.
Drôle de mélange de réalités parallèles. C'est en quelque sorte mon avenir qui se joue, là, pendant que c'est sa vie de chat qui se poursuit, entremêlant les rêves et le sommeil profond.
Mais bon, pendant qu'on ne répond pas aux questions de ceux et celles qui se demandent ce qui nous motive à faire «ça» (parce que franchement, franchement, on ne le sait même pas nous-mêmes), on continue.
Et puis vient la vie avec ses petits airs sournois. Elle se fait tentante. Elle se met sur son 36, juste pour faire chier.
Mais on baisse la tête, on serre les fesses, on fait comme si on ne l'avait pas vue et on poursuit.
Tous ces mots qui s'alignent donnent le tournis. La page blanche est loin, très loin derrière. Vague souvenir de ce qui était en gestation hier et qui se fait aujourd'hui grand projet fendant. C'est là qu'on coupe, on commence à trouver que ça tourne les coins ronds. Toute cette désorganisation en vrac ne ressemble en rien à ce qui voulait être exprimé au départ.
Les couteaux volent bas, ça joue du option-C, option,-X, option-V on crée des documents qui se nomment «coupé provisoirement» juste pour réserver ce qui alourdit la sauce. Après ce sont ces documents nommés qui se retrouvent dans des dossiers datés, qu'on n'ouvre plus.
Ah oui, il y a aussi ces dossiers «références», qui se multiplient et prennent des proportions alarmantes. On fait des back up, juste au cas.
Les mois passent, les saisons se succèdent et on est toujours là, bien loin du point de départ.
On ne sait plus si c'est dénaturé ou bien amélioré, on se demande si le changement est interne ou bien externe mais on passe inlassablement à la question suivante.
On commence à ne penser qu'à une chose: aller au bout de cette histoire. La persévérance nous y conduit et on frôle la ligne d'arrivée mais en chutant un peu, si peu, suffisamment pour ne plus savoir si on aura la force de continuer. On cherche appui, n'importe quel appui pourvu qu'il tienne, minimalement.
Le temps est suspendu et l'éternité est là, en soi, autour de soi.
Ce moment où tout peut basculer s'empare de nous, parce qu'on meurt un peu en achevant.

Dans quelques semaines je serai une nouvelle personne, ni mieux, ni moins bien. Différente parce que délestée c'est tout. Entretemps, je finalise comme on dit et je dépose.
Ensuite, je fuis, je pars, je cours, je vole pour voir un peu d'ailleurs si j'y suis parce qu'au retour il y a ma vie qui m'attend et je ne sais vraiment pas de quoi elle sera faite, alors je suis mieux d'être prête, propre et disposée.




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