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Aimé Césaire est un monument. Il a publié;
C’est moi-même, terreur, c’est moi-même.
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des rivières
de formidables tas d’ossements muets
les espoirs trop rapides rampent scrupuleusement
en serpents apprivoisés
on ne part pas on ne part jamais
pour ma part en île je me suis arrêté fidèle
debout comme le prêtre Jehan un peu de biais sur la mer
et sculpté au niveau du museau des vagues et de la fiente
des oiseaux
choses choses c’est à vous que je donne
ma folle face de violence déchirée dans les profondeurs
du tourbillon
ma face tendre d’anses fragiles où tiédissent les lymphes
c’est moi-même terreur c’est moi-même
le frère de ce volcan qui certain sans mot dire
rumine un je-ne-sais-quoi de sûr
et le passage aussi pour les oiseaux du vent
qui s’arrêtent souvent s’endormir une saison
c’est toi-même douceur c’est toi-même
traversé de l’épée étrenelle
et tout le jour avançant
marqué du fer rouge de choses sombrées
et du soleil remémoré
Il écrivait, dans une lettre adresssée à Lilyan Kesteloot (1) ;
«D’où venu? Non artificiellement imposé du dehors, mais jailli des profondeurs. Nuit du sang bondissant au jour et s’imposant; le tempo de la vie; sa saccade; non la musique des mots captée, mais ma plus profonde vibration intérieure. C’est pourquoi le sculpteur soudanais ne travaille que de nuit et en chantant, incorporant dans la statue le verbe incantatoire. Alors quid de la poésie? Il faut toujours y revenir : surgie du vide intérieur, comme un volcan qui émerge du chaos primitif, c’est notre lieu de force; la situation éminente d’où l’on nomme; magie; magie.»
À Montréal, on a la chance d’avoir un cabaret Césaire dans le cadre du Festival International de la Littérature au Lion d’or, vendredi soir prochain. J’y serai sans faute.
(1) Aimé Césaire par Lilyan Kesteloot, poètes d’aujourd’hui, Éditions Pierre Seghers, 1962.
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