mardi 12 mai 2009

Braises ardentes

Beaucoup aimé «Dans les charbons» aux 4Sous. J’en avais lu et entendu que du bien et je me rallie à l’appréciation générale. Je dois écrire que le rythme de cet heureux ensemble de textes et d'auteurs y est pour beaucoup. La succession est fluide. Ils n’ont pourtant parfois rien à voir les uns avec les autres mais le déroulement coule comme une source vive à travers la terre moite du printemps. On mord à pleines dents dans la chair de cette poésie carnivore, dans le corps du texte. Odeurs de mousse, nuées de pelletage de nuage, rêves, rêves éveillés, pulsions de mort et pulsion de vie, mouvements, libido, amour, démesure…Ils sont tous là. Les acteurs incarnant des thèmes parfois précis, parfois flous. On rigole parfois sans tomber dans la caricature : subtil et très agréable. Tout cela est très inspirant…
Ai apprécié le texte de Réjean Thomas (pas le doc, l’autre) dit par Patrice Coquereau, Andrée Lachapelle livrant un Prévert (cet amour) et un Ducharme avec tant d’élégance, et le reste, et le reste…
Les lieux ne m’ont pas vraiment impressionnée, la rénovation n’est pas tout à fait terminée et le carré d’espace qu’occupe l’édifice demeure…carré. Il faudrait que j’écrive sur la configuration des toilettes publiques un jour; est-ce vraiment nécessaire de concevoir des cabines si exiguës? Tout cela me laisse plutôt indifférente, l’extérieur est passablement laid mais pas assez pour s’indigner. C’est ce qui se passe à l’intérieur qui importe.
Ils chahutent et ils nous bercent. La musique (et la présence) de Clara Furey est délicate et puissante, on ne pouvait penser à mieux. Le petit bonhomme (Antoine L’écuyer?) est assez juste et on ne l’a pas sur/utilisé, il fait fil conducteur, c’est bien vu. Une très belle brochette d’acteurs, tous bons, tous touchants, vibrants. Que dire de la présence de Kathleen Fortin qui nous fait un a capella unique de Richard Desjardins, il m’a semblé qu’il n’y avait qu’elle pour réussir ce tour de force.
Oui, car tour de force il y a! Je n’ai pas vu passer ces deux heures; accrochée aux mots, pendue aux lèvres de chaque interprète, suspendue au fil des mots sillonnant une route qui nous fait voir tant de paysages…intimes et spectaculaires…cela est pari risqué quand il s’agit de poésie!
J’étais inquiète pendant la représentation parce que j’essayais de mémoriser les noms des auteurs cités. Ne vous faites pas de mouron avec cela, ils ont la très bonne idée de nous en donner la liste à la sortie, après plutôt qu’avant pour ne pas vendre les punchs j’imagine! Merci!

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